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Comprendre les agressions du chat envers l’humain.

Après la malpropreté, l’agressivité est le deuxième motif de présentation en consultation pour trouble du comportement. Rappelons que la prédation fait partie intégrante du répertoire comportemental normal chez le chat, elle ne doit pas être considérée comme un trouble agressif. 

Dans cet article nous évoquerons les trois grandes raisons pouvant être à l’origine d’un trouble agressif chez le chat. Nous parcourrons brièvement des troubles d’origine organique et iatrogène (qui seront écartés ou révélés lors d’une consultation préalable chez un vétérinaire) pour nous concentrer sur les troubles d’origine comportemental. 

LES TROUBLES D’ORIGINE ORGANIQUE

Les troubles organiques sont des troubles qui apparaissent lors d’une maladie physique, modifiant les fonctions mentales du sujet :

  • Atteinte sensorielle 
  • Agressivité liée aux affections algogènes / douleur,
  • Agressivité liée à une dysendocrinie,
  • Agressivité liée aux maladie infectieuse multi systémique,
  • Agressivité et atteinte de l’encéphale, 
  • Anomalies congénitales, 
  • Atteintes d’origine inflammatoire,
  • Atteintes d’origine infectieuse,
  • Syndrome d’hyperesthésie féline, 

TROUBLE AGRESSIFS D’ORIGINE IATROGENE ( due à un acte médical, un médicament)

  • Psychotropes
  • Traitement hormonal 

TROUBLES D’ORIGINE COMPORTEMENTALE 

Certains troubles d’origine comportementale peuvent conduire le chat à être agressif envers son propriétaire. 

Avant de développer les différents troubles, une mise au point éco-éthologique est nécessaire.

Mise au point éco-éthologique 

Le recadrage éco-éthologique peut être considéré à lui seul comme un moyen de prévention pour lutter contre l’agressivité du chat envers son maître.

Point d’orgue de la thérapie comportementale, il permet aux propriétaires de mieux comprendre leurs compagnons et d’établir un territoire et un comportement en adéquation avec la nature profonde du chat. La prise de conscience du propriétaire est un réel besoin pour qu’une thérapie fonctionne, elle est nécessaire pour garder en tête les besoins primaires de nos compagnons félins.

AGRESSIVITÉ LIÉE AU TERRITOIRE 

Agression territoriale :

  1. Circonstance d’apparition 

La pénétration d’un intrus dans le champ d’isolement ou le champ d’activité peut générer une anxiété se transformant en agressivité envers l’humain en cas de mauvaise socialisation intra spécifique. L’humain intru étant représenté comme une menace. 

  1. Moyens de préventions 

Les chats concernés par les agressions territoriales sont bien souvent des chats souffrant d’un faible niveau d’autocontrôle, sont impulsivité est alors augmentée tout comme le risque de passage à l’acte. L’organisation du territoire doit être étudiée avec minutie pour permettre au chat de se sentir en sécurité. Des cachettes doivent être accessibles dans chaque pièce que le chat sera amené à traverser. Une bonne connaissance de son animal permettra de prévenir les futurs sources de stresse (invité, nouveau venu dans le foyer, travaux) une foi la situation anxiogène identifiée, s’il s’avère qu’elle est ponctuelle et contrôlable par le propriétaire, il suffira d’éloigner le chat durant cet évènement. 

Anxiété de cohabitation

  1. Circonstance d’apparition 

L’anxiété de cohabitation apparaît lors d’une perturbation dans la répartition des zones à l’intérieur du territoire, Elle comprend 3 stades :

Stade 1 ou distanciation :

Le chat « agresseur » surveille l’autre chat, le menace et l’attaque uniquement dans certaines zones. Les comportements fondamentaux sont toutefois respectés : prise alimentaire, élimination, toilettage et sommeil.

A ce stade, si les propriétaires n’interviennent pas, la situation s’équilibre toute seule.

Stade 2 ou stade de l’escarmouche :

Si le conflit territorial persiste, la situation dégénère. Le chat « agresseur » devient hypervigilant et envahit la zone de vie. Il pourchasse constamment le chat « victime » qui se replie dans les champs d’isolement, ses sorties diminuent ainsi que sa prise alimentaire de peur d’être attaqué. Si la sérénité n’est pas rapidement retrouvée, la situation s’aggrave et évolue vers un stade 3.

Stade 3 ou stade d’obnubilation :

le chat « agresseur » est obnubilé par le chat « victime » Il passe son temps à surveiller le territoire et ne dort plus. Son état d’anxiété augmente et des signes tels que le Rolling Skin Syndrom, des agressions par peur ou par irritation, des troubles du comportement alimentaire apparaissent. Le chat « victime » présente un état d’anxiété permanente voire en état dépressif. Il ne sort plus de sa cachette et des troubles du sommeil, des troubles du comportement alimentaire et de la malpropreté apparaissent. 

Chacun des chats est anxieux, l’agresseur souffre d’une anxiété intermittente n’arrivant pas à faire partir l’intrus de son territoire, la victime souffre d’une anxiété intermittente ou permanente étant sans cesse agressée.

  1. Moyens de prévention 

Dans un premier temps il ne faut pas intervenir et laisser les chats régler leurs conflits en laissant les portes ouvertes pour leur permettre de circuler. L’aménagement de plusieurs cachettes en hauteur et au sol leur permettra d’observer les lieux afin de circuler en se sentant en sécurité. Il faudra également ajouter des points d’alimentation afin de permettre à chacun de « vivre de son côté » sans croiser son colocataire s’ils ne le souhaitent pas.

Dans le cas d’un nouvel arrivé dans le foyer, la mise en place d’un protocole d’insertion d’un nouveau membre permet d’introduire en douceur le petit nouveau.

AGRESSIVITÉ PAR IRRITATION

Agressivité lors du syndrome du chat « caressé-mordeur » :

  1. Circonstance d’apparition

Comme nous l’avons déjà évoqué, les chatons possèdent une sensibilité tactile avant même d’être né (dès la 4eme semaines de gestation de la maman) qu’ils développeront lors de leurs période sensible (entre le 2eme et la 7eme semaine). L’acquisition des autocontrôles lui permettra de mettre en place des séquences comportementales organisées et adaptées avec un début (phase appétitive) un milieu (phase consommatoire) et une fin (phase d’arrêt). L’acquisition de l’homéostasie sensorielle quant à elle constituerait un seuil de référence déterminant la tolérance du chaton face aux informations extérieures, (dans ce cas, la sensibilité tactile). C’est lors d’un déficit de ses deux phases qu’apparaît le syndrome du chat caressé mordeur, le chat, vient chercher des caresses qu’il apprécie mais ne sait pas comment demander à l’humain de stopper son étreinte. Celui-ci s’agace subtilement, oreilles en arrière-queue balançante, gémissements, rolling skin syndrome puis soudainement, excédé par cette incompréhension de l’humain, mord et griffe son propriétaire. Ce comportement s’il est renforcé par le propriétaire constitue à la longue sa phase d’arrêt de référence. « Il ne comprend pas quand je demande subtilement d’arrêter, si je le mord, il arrête de me caresser, alors inutile que j’envoie des signes »  

  1. Moyen de prévention 

Afin de prévenir les attaques il est nécessaire d’observer les réactions du chat lors des caresses. 

Les signes d’agacement une fois identifiés doivent être pris au sérieux, aussi fugaces soient ils,

ils sont l’expression mal formulée d’une demande d’arrêt. 

Il faut donc cesser de les caresser et laisser la pression redescendre.

La technique de contre-conditionnement qui consiste à récompenser une bonne action renforcera l’envie du chat de bien se comporter.

Syndrome du tigre

  1. Circonstance d’apparition 

Le syndrome du tigre est un trouble lié à une distribution alimentaire inadaptée. Lorsque la préparation du repas est trop longue ou irrégulière l’irritation monte chez le chat, il s’impatiente et évacue sa frustration sur son propriétaire le plus souvent en lui attrapant les cheville (en faisant cela il reproduit l’action de chasse)

  1. Moyen de prévention 

Il convient de prendre au sérieux ce type de comportement dès les premiers signes d’apparitions. Le chat aime manger de petites quantités tout au long de la journée. La prévention pour ce trouble est plutot simple et efficace. Augmenter les points d’alimentations et enrichir le domaine vital avec des jeux ou le chat devra extraire ou trouver la nourriture. Par exemple une bouteille en plastique percé avec des friandise dedans ou encore des tapis de fouilles. Il est également conseillé de placer des gamelles supplémentaires pour inciter votre chat à les chercher et ainsi reproduire la fréquence alimentaire qu’il aurait dans la nature, ( la source d’alimentation principale ne doit pas être déplacée) . 

AGRESSIVITÉ LIÉE AUX JEUX

Anxiété en milieu clos 

  1. Circonstance d’apparition 

L’agressivité du chat vivant en milieu clos est due à un manque de stimulations au cours de la journée.

Elle est souvent observée au crépuscule chez les chats étant privés d’extérieur et vivant dans un milieu hypostimulant. 

Elle se caractérise par des parties de chasse ou la proie est l’humain de la maison et parfois même le chien tranquillement allongé dans son panier. 

Il se cache et bondit sur la première chose en mouvement qui attire son attention, en l’absence de jouets ou d’autres proies, il se focalise sur les parties les plus mobiles de notre corps comme les mains et les pieds.

  1. Moyen de prévention 

Le responsable de l’anxiété en milieu clos est l’ennui. Un chaton aura besoin d’au moins 15 min de jeux 3 fois par jour et un adulte de 10 min 2 fois par jour, à condition que l’environnement permette de s’occuper seul le reste de la journée. 

La technique de contre-conditionnement qui consiste à détourner l’attention en lançant une balle au chat lorsque l’attaque se prépare afin de le rediriger vers une activité ludique.

Jeux inappropriés 

  1. Circonstance d’apparition 

Le jeu constitue dès le plus jeune âge une grande source d’apprentissage, le chaton apprend les codes du comportement intra spécifique en testant sa force, ses postures mais il apprend surtout les limites à ne pas dépasser avec ses congénères. 

La mère intervient pour lui apprendre à maîtriser sa force ou à stopper une séquence de jeux. Bien souvent les chatons n’ayant pas eu de mère ou autres référents chats, ne savent donc pas jouer doucement.

  1. Prévention 

Quelles que soient les circonstances d’adoption du chat il faut se souvenir que chaque instrument (stylo, lacet, élastiques), ou partie du corps (, pied, mains) utilisés pour jouer avec un chaton, deviendra un jouet à part entière à l’âge adulte.

En grandissant le chat ne comprend pas pourquoi il n’a plus le droit de jouer avec ses jouets favoris. 

Jouer uniquement avec des objets destinés à cela. En complément on utilisera la technique de punition négative en stoppant net l’activité et en ignorant le chat si des débordements apparaissent (morsures, griffures, excitation excessive).

Agression redirigée

  1. Circonstance d’apparition 

Il s’agit d’une agression qui paraît incompréhensible de la part du propriétaire. Le chat attaque son jouet, ses congénères ou même son propriétaire soudainement sans raison apparente. En réalité il s’agit d’une compensation dû à l’impossibilité d’atteindre l’objet de son désir ou de fuir un stimulus aversif, olfactif visuel ou auditif. Comme son nom l’indique, cette agression aura donc pour but de rediriger sa frustration sur une proie accessible.

  1. Moyen de prévention

La difficulté de ce genre d’agression est d’identifier la source de frustration du chat, l’agression redirigée pouvant survenir plusieurs heures après la disparition du stimulus aversif. Les raisons de cette frustration pourraient ne jamais être identifiées clairement par le propriétaire dans ce cas il faudra guetter les signes d’agacement, ( rolling skin syndrom, miadrise , queue balancante..) et détourner son attention avec une séquence de jeux ( contre conditionnement). Dans le cas où le stimulus aversif est facilement identifiable, des solutions pour éviter un stress inutile peuvent être étudiées.

AGRESSION PAR PEUR

  1. Circonstance d’apparition 

Les agressions par peur sont des agressions très violentes car elles sont vécues par le chat comme étant la dernière solution pour éradiquer la source anxiogène. Sans aucune solution de repli, mis au pied du mur, le chat donnera toute son énergie afin de se protéger et pourra infliger des blessures profondes.

  1. Moyen de prévention

Comme pour les agressions redirigées, afin de prévenir une agression par peur il est important d’identifier le facteur phobogène ayant déclenché cet état. Lorsque celui-ci peut être contrôler ou éviter il conviendra d’éviter le contact avec celui-ci, s’il est inévitable.

Attention la peur transforme un chat parfaitement équilibré en véritable Tigre, n’intervenez pas ! ne mettez pas les mains ! votre chat pourrait ne pas vous reconnaitre !

Vous reconnaissez votre chat dans l’une de ces situations ?

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